משנה: כָּל־כִּינּוּיֵי נְדָרִים כַּנְּדָרִים וַחֲרָמִים כַּחֲרָמִים וּשְׁבוּעוֹת כַּשְׁבוּעוֹת וּנְזִירוּת כַּנְּזִירוּת. הָאוֹמֵר לַחֲבֵירוֹ מוּדָּר אֲנִי מִמָּךְ מוּפְרָשׁ אֲנִי מִמָּךְ מְרוּחָק אֲנִי מִמָּךְ. שֶׁאֵינִי אוֹכֵל לָךְ שֶׁאֵינִי טוֹעֵם לָךְ אָסוּר. מְנוּדֶּה אֲנִי לָךְ. רִבִּי עֲקִיבָה הָיָה חוֹכֵךְ בָּזֶה לְהַחֲמִיר. כְּנִדְרֵי רְשָׁעִים נָדַר בְּנָזִיר וּבְקָרְבָּן וּבִשְׁבוּעָה. כְּנִדְרֵי כְשֵׁירִים לֹא אָמַר כְּלוּם. כְּנִדְבוֹתָם נָדַר בְּנָזִיר וּבְקָרְבָּן. Toutes les appellations1"D'ordinaire on traduit kinouï: "" renonciation par simple parole "". Le Wôrterbuch de J. Levy, s. v. a: Umschreibungen der Gelübdeformeln, transcriptions (autres dénominations) de ces formules." des vœux équivalent aux vœux mêmes exprimés, comme celles des sentences d’anathème sont semblables à ces anathèmes, et celles des interdits par serment ressemblent à l’expression même des serments; enfin, celles de la privation par naziréat ressemblent à ces engagements mêmes. Si quelqu’un dit à son prochain: “Je fais vœu de me tenir à distance de toi”, ou “je me sépare de toi”, ou “je m’éloigne de toi”, ou “je ne veux rien manger de toi”, ou “je ne veux rien goûter de ce qui est à toi”, tous les actes qu’il s’est ainsi interdits le seront en réalité. S’il dit: “Que je te sois en horreur”, il y a lieu, selon R. aqiba, de pencher en ce cas vers la sévérité2Littéralement: R. Akiba gratta, se frotta ensemble les lèvres (en entendant l'énoncé de cette formule), afin de désigner ainsi mentalement (sans se prononcer) qu'il faut suivre l'avis sévère et s'abstenir de manger dans le voisinage de cet homme.. Celui qui s’est engagé dans un vœu selon les impies3Tandis que les gens pieux se gardent bien de faire des vœux, de crainte de ne pas pouvoir les tenir parfaitement, les impies (gens légers) les énoncent à la hâte, sans souci, et il leur arrivera p. ex. de s'interdire la jouissance d'un pain placé devant eux, qu'ensuite par mégarde ils rompent et mangent. s’astreint par suite au naziréat, avec obligation finale d’offrir un sacrifice et de subir les conséquences d’un serment inutile (la pénalité des coups de lanière); mais s’il dit vouloir adopter le procédé des hommes sans reproche (prudents), cela n’équivaut à aucune parole (et l’individu reste libre). La déclaration de s’engager selon leur offrande volontaire entraîne le naziréat et l’obligation d’un sacrifice à l’issue de la période de temps engagé.
הלכה: כָּל־כִּינּוּיֵי נְדָרִים כַּנְּדָרִים כול׳. כְּתִיב אִישׁ כִּי יִדּוֹר. מַה תַּלְמוּד לוֹמַר נֶדֶר. אֶלָּא מִיכָּן שֶׁכִּינּוּיֵי נְדָרִים כַּנְּדָרִים. אוֹ הִשָּׁבַע. מַה תַּלְמוּד לוֹמַר שְׁבוּעָה. אֶלָּא מִיכָּן שֶׁכִּינּוּיֵי שְׁבוּעוֹת כַּשְּׁבוּעוֹת. אַךְ כָּל־חֶרֶם. מַה תַּלְמוּד לוֹמַר יַחֲרִים. אֶלָּא מִיכָּן שֶׁכִּינּוּיֵי חֲרָמִים כַּחֲרָמִים. נֶדֶר נָזִיר. מַה תַּלְמוּד לוֹמַר לְהַזִּיר. אֶלָּא מִיכָּן שֶׁכִּינּוּיֵי נְזִירוּת כַּנְּזִירוּת. עַד כְּדוֹן כְּרִבִּי עֲקִיבָה דְאָמַר. לְשׁוֹנוֹת רִיבּוּיִין הֵן. כְּרִבִּי יִשְׁמָעֵאל דְּאָמַר. לְשׁוֹנוֹת כְּפוּלִין הֵן וְהַתּוֹרָה דִיבְּרָה כְדַרְכָּהּ. הָלוֹךְ הָלַכְתָּ. נִכְסֹף נִכְסַפְתָּ. גָּונֹב גּוּנַּבְתִי. מְנָלָן. אִישׁ כִּי יִדּוֹר נֶדֶר לַיי֨ אוֹ הִשָׁבַע שְׁבוּעָה לֶאֱסוֹר אִסָּר עַל נַפְשׁוֹ לֹא יָחֵל דְּבָרוֹ. מַה תַּלְמוּד לוֹמַר כְּכָל־הַיּוֹצֵא מִפִּיו יַעֲשֶׂה. אֶלָּא מִיכָּן שֶׁכִּינּוּיֵי נְדָרִים כַּנְּדָרִים וְכִינּוּי שְׁבוּעָה כִּשְׁבוּעָה. וּמִנַּיִין שֶׁכִּינּוּי חֲרָמִים כַּחֲרָמִים. נֶדֶר נֶדֶר. מַה נֶדֶר שֶׁנֶּאֱמַר לְהַלָּן כִּינּוּי נְדָרִים כַּנְּדָרִים וְכִינּוּי שְׁבוּעָה כַּשְּׁבוּעָה. אַף נֶדֶר שֶׁנֶּאֱמַר כָּאן כִּינּוּי חֲרָמִין כַּחֲרָמִין. וּמִנַּיִין שֶׁכִּינּוּיֵי נְזִירוּת כַּנְּזִירוּת. נֶדֶר נֶדֶר. מַה נֶדֶר שֶׁנֶּאֱמַר לְהַלָּן כִּינּוּי שְׁבוּעָה כַּשְּׁבוּעָה אַף נֶדֶר שֶׁנֶּאֱמַר כָּאן כִּינּוּי נְזִירוּת כַּנְּזִירוּת. Comme il est écrit (Nb 30,3): Si un homme s’engage par vœu, on déduit du terme final explétif que les diverses appellations des vœux équivalent aux vœux mêmes4Cf. J., (Nazir 1, 2) ( 51a).. Puis (ibid.): ou s’il a juré; là aussi le mot superflu par serment indique l’extension des appellations diverses d’interdit par serment à l’instar des serments eux-mêmes. Ainsi, il est dit (Lv 27, 28): cependant tout anathème; du terme suivant qui sera en anathème (superflu), on conclut que les diverses appellations des sentences d’anathème ressemblent (par le fait) aux anathèmes. De même encore il est dit (Nb 6, 2): le vœu d’être Naziréen5M. le gr. R. Wogue, à ce verset, traduit: abstème.; à quoi bon ajouter l’expression de s’abstenir? C’est pour dire que les diverses appellations de la privation par naziréat ressemblent à ces engagements mêmes. Toutes ces interprétations s’expliquent bien selon R. aqiba, qui est d’avis de tirer parti des expressions explétives mais comment les justifier selon R. Ismaël, qui dit qu’il arrive souvent d’user de termes redondants6"V. p. ex. Yebamot 8, 1; (Sota 7, 5). Cf. Graetz, Geschichte, t. 4, p. 427." et que la Bible s’exprime selon le langage usuel, comme p. ex. (Gn 31, 30): tu vas, ou (id.) tu soupires, ou (ibid. 40, 15): j’ai été enlevé. C’est que le verset entier relatif aux vœux dit: Lorsqu’un homme fait un vœu à l’Eternel, ou s’impose par serment une interdiction à lui-même, il ne devra pas profaner sa parole; à quoi bon ajouter encore: Tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir? -C’est pour conclure que les appellations des vœux équivalent aux vœux mêmes, et celles des interdits par serment ressemblent à l’expression même des serments. -Mais d’où sait-on que les sentences d’anathème ressemblent aux anathèmes? On le déduit par analogie7Cf. Sifri, section Nassô, ch. 22. entre le mot vœu employé ici (Nb 30,3) et le même mot usité par les anathèmes (Lv 27, 2); or, comme en ce dernier passage, les diverses appellations soit des vœux, soit des serments, ressemblent à ces actes eux-mêmes, l’expression semblable employée ici indique que les sentences d’anathème ressemblent aussi à l’anathème. On sait aussi que les diverses appellations du Naziréat équivalent au naziréat par analogie des mots vœux, employés 2 fois; or, dans le 2e passage, les diverses formes de serment équivalent au serment, de même les diverses appellations du Naziréat équivalent au naziréat.
מַה מְקַייֵם רִבִּי עֲקִיבָה כְּכָל־הַיּוֹצֵא מִפִּיו יַעֲשֶׂה. מִיכָּן לְנֶדֶר שֶׁבָּטֵל מִקְצָתוֹ בָּטַל כּוּלּוֹ. וְלֵית לֵיהּ לְרִבִּי יִשְׁמָעֵאל כֵּן. כּוּלָּהּ מִן תַּמָּן. אִית לֵיהּ מִיכָּן שֶׁכִּינּוּי נְדָרִים כַּנְּדָרִים וְכִינּוּי שְׁבוּעוֹת כַּשְּׁבוּעוֹת. אִית לֵיהּ מִיכָּן לְנֶדֶר שֶׁבָּטֵל מִקְצָתוֹ בָּטַל כּוּלּוֹ. מַה מְקַייֵם רִבִּי יִשְׁמָעֵאל נֶדֶר נָזִיר לְהַזִּיר. מִיכָּן שֶׁאָדָם קוֹבֵעַ עָלָיו נְזִירוּת בְּתוֹךְ נְזִירוּתוֹ. וְלֵית לְרִבִּי עֲקִיבָה כֵּן. אִית לֵיהּ כּוּלָּהּ מִתַּמָּן. אִית לֵיהּ מִיכָּן שֶׁאָדָם קוֹבֵעַ עָלָיו נְזִירוּת בְּתוֹךְ נְזִירוּתוֹ. —Mais alors quel compte R. aqiba tient-il des mots (inutiles) selon l’expression de sa bouche? -Ils signifient, selon lui, qu’il faut remplir un vœu s’il est entièrement conforme à l’expression; mais en cas d’annulation partielle, il sera rompu. Mais R. Ismaël (qui applique déjà ladite phrase à une autre déduction) n’est-il pas de cet avis? Il tire du même passage biblique la déduction relative à cet avis, outre celle qui concerne l’extension aux appellations diverses d’un même acte. Comment R. Ismaël n’applique-t-il pas à l’extension les mots le vœu d’être Naziréen de s’abstenir (où il y a un terme superflu, non redondant)? Ils indiquent, selon lui, qu’un homme peut assumer un second naziréat pendant qu’il accomplit un premier. -Est-ce à dire que R. aqiba ne partage pas cet avis (en appliquant ces mots à l’extension des appellations du naziréat)? -Si; mais il tire plusieurs déductions de l’expression redondante de s’abstenir (qui suit les mots le vœu d’être Nazir ), y compris la faculté d’assumer un 2e Naziréat pendant l’accomplissement du 1er.
וַהֲלֹא הָעֲרָכִין וְהַחֲרָמִין וְהַתְּמוּרוֹת וְהַהֶקְדֵּישׁוֹת בַּפָּרָשָׁה הָיוּ. וְלֹא תַנִּינָן. כִּינּוּי עֲרָכִין וְכִינּוּי תְמוּרוֹת וְהֶקְדֵּשׁוֹת. וְאִילּוּ תַנִּינָן מַה הֲוִינָן מִיתְנֵי. עֲרָפִין עֲרָצִין עֲרָקִין. תְּמוּפָה תְּמֻרְנָה תְּמוּקָה. הֶגְדֵּר הֶגְזֵר הֶגְרֵם. נִיחָא כְּמָאן דְּאָמַר סְתָם חֲרָמִים לְבֶדֶק הַבַּיִת. בְּרַם כְּמַאן דָּמַר. סְתָם חֲרָמִים לַכֹּהֲנִים. וְלָמָּה לֹא תַנִּינָן כִּינּוּי תְרוּמָה. וְאִילּן תַנִּינָן מַה הֲוִינָן מִיתְנֵי. תְּרוּפָה תְּרוּצָה תְּרוּקָה. Pourquoi, au sujet des estimations, des anathèmes, des échanges et des consécrations, tous énoncés dans le texte biblique (Lv 27), n’est-il pas question des diverses appellations à employer à leur égard? -C’est que, fut-il répondu, il est inutile de parler des corruptions du terme dévouer, telles que ‘Arafin, ‘Aracin, ‘Araquin, comme les mots (corrompus) Temoufa, Temarna, Temouqa, équivalent au sens d’échange, et les mots Hegder, Hegzer, Hegram, signifient: consacrer au sanctuaire. Ceci est juste d’après celui qui dit qu’une dénomination vague pour dévouer un objet au culte suffit à le consacrer au service du Temple8Erakhim 8, 5, et ci-après, (2, 4), fin.; mais d’après celui qui dit qu’en un tel cas de désignation vague, l’objet dévoué revient aux cohanim, pourquoi ne pas parler aussi les divers modes possibles de désigner l’oblation? Il a paru inutile de relever les termes inusités Troufa, Trouça, Trouqa (corruptions de terouma, oblation).
רִבִּי יַעֲקֹב בַּר אָחָא אָמַר. אִיתְפַּלְּגוֹן רִבִּי יוֹחָנָן וְרִבִּי אֶלְעָזָר. דְּרִבִּי יוֹחָנָן אָמַר. לוֹקִין עַל הָאִיסָּרוֹת. וְרִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר. אֵין לוֹקִין. אָמַר רִבִּי יַעֲקֹב בַּר אָחָא. כָּךְ מֵשִׁיב רִבִּי יוֹחָנָן אֶת רִבִּי אֶלְעָזָר. עַל דַּעְתָּךְ דְּאַתְּ אָמַר. אֵין לוֹקִין עַל הָאִיסָּרוֹת. וְהָא תַנִּינָן. הַמּוּדָר הַנָּייָה מֵחֲבֵירוֹ וְנִכְנַס לְבַקְּרוֹ. לֹא יִכָּנֵס. אָמַר רִבִּי יִרְמְיָה. שַׁנְייָה הִיא תַמָּן מִפְּנֵי דַרְכֵי שָׁלוֹם. רִבִּי יוֹסֵי בָּעֵי. אִם מִפְּנֵי דַרְכֵי שָׁלוֹם אֲפִילוּ בִשְׁבוּעוֹת יְהֵא מוּתָּר. וְתַנִּינָן. נְדָרִים אָסִיר וּשְׁבוּעוֹת מוּתָּר. R. Jacob b. Aha dit qu’il y a discussion entre R. Yohanan et R. Eléazar sur le point suivant: selon le 1er, on est passible de la pénalité des coups de lanière en cas d’infraction d’un interdit de jouissance9"Eu égard au texte biblique (des (Nb 30, 3): "" Il ne faut pas violer sa parole "" (qui est négatif)."; selon R. Eléazar, on n’est pas passible d’une telle pénalité (la défense négative n’est pas formelle). Voici, selon R. Jacob b. Aha, l’argumentation de R. Yohanan à l’opposé de l’avis de R. Eléazar: puisque d’après toi, on n’est point passible d’une telle pénalité en cas d’infraction de l’interdit, comment se fait-il qu’il soit dit plus loin (4, 4): “Celui qui s’interdit par vœu de jouir de son prochain et lui rend une visite de malade (devoir religieux) devra rester chez lui debout, sans s’asseoir”? Il ne devrait même pas entrer chez le prochain, en raison de l’interdit? -Là, répondit R. Jérémie, il y a cette distinction à établir qu’en vue de la bonne harmonie entre prochains, une telle visite est permise. -Mais alors, demanda R. Yossé, si la bonne harmonie est un motif prépondérant, est-il aussi permis en cas de maladie d’enfreindre le serment fait de ne pas entrer chez lui? Et pourtant il est dit plus loin (2, 2): les vœux relatifs à l’accomplissement de pratiques religieuses (d’ordre légal) restent interdits, tandis que les serments relatifs à ces cas sont annulés par suite d’inapplication; or, pour le précepte rabbinique de visiter les malades, l’interdit par serment est-il inapplicable (et par suite annulé), ou non? (Question non résolue).
אֵי זֶהוּ אִיסָּר. כִּכָּר זֶה עָלַי כַיּוֹם שֶׁמֵּת בּוֹ אַבָּא. כַּיּוֹם שֶׁנֶּהֱרַג בּוֹ פְּלוֹנִי. כַּיּוֹם שֶׁרָאִיתִי יְרוּשָׁלֵם חֲרֵיבָה. זֶהוּ אִיסָּר שֶׁאָֽמְרָה הַתּוֹרָה. רִבִּי בָּא בְשֵׁם רִבִּי יוֹחָנָן וְרַב. תְּרֵיהוֹן אָֽמְרִין. וְהוּא שֶׁיְּהֵא נָדוּר בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם. רִבִּי יוֹסֵי בָּעֵי. אִם בִּשֶׁיְּהֵא נָדוּר בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם לָמָּה לִי אִיסָּר. וְיֹמַר. בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם. Quelle est la formule d’interdit légal? Dire p. ex. que cette miche de pain me soit interdite à l’égal du jour où mon père est mort, ou comme le jour du meurtre d’un tel, ou comme le jour où j’ai vu Jérusalem en ruine10Tossefta à ce tr., ch. 1.; c’est là l’expression légale. Selon R. Aba, R. Yohanan et Rav ajoutent tous deux qu’il faut au préalable s’être interdit de manger en un tel jour. Toutefois, objecta R. Yossé, si le vœu d’interdit porte déjà sur un tel jour, il est inutile de redire que l’interdit sera légal au jour du décès de son père, etc., et il suffit de dire vouloir être en état pareil audit jour.
אִיסָּר זוֹ שְׁבוּעָה. מִבְטָא זוֹ שְׁבוּעָה. אִם אוֹמֵר אַתְּ. אִיסָּר זוֹ שְׁבוּעָה. חַייָב עַל כָּל־אִיסָּר וְאִיסָּר וְעַל כָּל־שְׁבוּעָה וּשְׁבוּעָה. אִם אַתְּ אוֹמֵר. אִסָּר מִין שְׁבוּעָה. חַייָב עַל זֶה בִפְנֵי עַצְמוֹ וְעַל זֶה בִפְנֵי עַצְמוֹ. אִסָּר זוֹ שְׁבוּעָה. וְתֹמַר. אִם אוֹמֵר אַתְּ כֵּן. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר. תְּרֵין תַּנָּיִין אִינּוּן. אָמַר רִבִּי יִרְמְיָה. חַד תַּנַּיי הוּא. אֲמָרוֹ בִלְשׁוֹן נֵדֶר אַתְּ תּוֹפְסוֹ בִלְשׁוֹן נֵדֶר. אֲמָרוֹ בִלְשׁוֹן שְׁבוּעָה אַתְּ תּוֹפְסוֹ בִלְשׁוֹן שְׁבוּעָה. אָסַר הֲרֵי הוּא עַל יָדִי. אם תּוֹפְסוֹ בִּלְשׁוֹן נֶדֶר. אִסָּר וְאֵינִי טוֹעֲמוֹ. אם תּוֹפְסוֹ בִּמְקוֹם שְׁבוּעָה. אִם אוֹמֵר אַתְּ. אִסָּר מִין שְׁבוּעָה. חַייָב עַל כָּל־אִיסָּר וְאִיסָּר וְעַל כָּל־שְׁבוּעָה וּשְׁבוּעָה. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי. לָא אַתְייָא אֶלָּא בַחֲמִשָּׁה כִּכָּרִין. אֲבָל בְּכִכָּר אֶחָד מִכֵּיוָן שֶׁהִזְכִּיר עָלָיו שְׁבוּעָה עֲשָׂאוֹ כִנְבֵילָה. מִיכָּן וָאֵילַךְ בִּמְייַחֵל שְׁבוּעוֹת עַל הָאִיסָּרִין וְאֵין שְׁבוּעוֹת חָלוֹת עַל הָאִסָּרִין. אָמַר רִבִּי חֲנַנְיָה. אֲפִילוּ בְכִכָּר אֶחָד אַתְייָא הִיא. כְּהָדָא דְתַנֵּי. זֶה חוֹמֶר לְשֶׁעָבַר מִלָּבֹא. שֶׁאִם אָמַר. לֹא אָכַלְתִּי לֹא אָכַלְתִּי. חָב עַל כָּל־אֶחָד וְאֶחָד. לֹא אוֹכֵל לֹא אוֹכֵל. אֵינוֹ חָב אֶלֵּא אַחַת. אִם אוֹמֵר אַתְּ. אֵין אִסָּר מִין שְׁבוּעָה. חָב עַל זֶה בִפְנֵי עַצְמוֹ וְעַל זֶה בִפְנֵי עַצְמוֹ. אָמַר רִבִּי יוּדָן. וְהוּא שֶׁהִזְכִּיר נֶדֶר וְאַחַר כָּךְ הִזְכִּיר שְׁבוּעָה. אֲבָל אִם הִזְכִּיר שְׁבוּעָה וְאַחַר כָּךְ הִזְכִּיר נֶדֶר נְדָרִין חָלִין עַל הָאִיסָּרִין וְאֵין שְׁבוּעוֹת חָלוֹת עַל הָאִיסָּרִין. Celui qui exprime la défense d’une telle miche de pain, ou qui formule l’interdit de manger tel pain, exprime pour ainsi dire un serment. Comment se fait-il que tantôt il soit dit: l’interdit équivaut au serment, de sorte qu’il y ait culpabilité pour chaque défense enfreinte et chaque serment non tenu, et tantôt il est dit d’une façon dubitative que l’interdit ressemble à une sorte de serment, sans affirmer si l’obligation (la culpabilité) est la même aux deux cas? -C’est que, répond R. Eléazar, il y a en effet 2 enseignements divers à ce sujet (l’un les place tous deux sur le même pied; l’autre en doute). R. Jérémie dit: tout l’enseignement émane d’un seul docteur (dont la fin explique le commencement); si l’interdit a été exprimé sous forme de vœu, il est applicable de cette façon; s’il a été exprimé sous forme de serment, il est applicable comme tel; en d’autres termes, si l’on a dit “qu’il me soit interdit”, c’est la formule du vœu; si l’on a dit “que cet objet me soit interdit et que je ne puisse y goûter"” c’est la forme du serment11L'infraction est passible d'un sacrifice de péché. V. B., Shevuot 28.. – On vient de dire que si l’interdit revêt la forme de serment, on est coupable pour chaque infraction et chaque serment violé. -C’est vrai, observe R. Yossé, s’il s’agit de 5 miches de pain12V. ci-après, (2, 3).; mais, pour un même pain, dès qu’il a été l’objet d’un serment, il est considéré à l’égal de la charogne; or, à partir de ce moment, les serments prononcés à ce sujet ne concernent que des interdits, sur lesquels le serment n’a plus de prise. R. Hanania dit qu’il peut même s’agir d’un seul pain, selon ce qui a été enseigné13Tossefta à Shevuot ch. 2.: il faut noter cette aggravation du serment, quant au passé, que si l’on a prêté serment à 2 reprises, de n’avoir pas mangé de ce pain, on est coupable pour chaque serment énoncé (compté à part); pour les serments énoncés en vue de l’avenir, disant “je n’en mangerai pas” (plusieurs fois), on n’est coupable qu’une fois. S’il est admis au contraire que ce n’est pas un interdit par serment (mais par vœu), on est coupable pour chaque interdit à part. R. Judan dit: la restriction émise ci-dessus (qu’un serment n’a plus de prise sur l’interdit après le 1er) est vraie si l’on s’est servi d’abord d’une formule de vœu, puis de celle d’un serment, non à l’inverse, si le serment précède la formule de vœu; car ce dernier est toujours applicable à un interdit, tandis que le serment ne l’est pas.
רִבִּי יוֹסֵי פָתַר לֶאְסוֹר אִסָּר. הֲרֵי הוּא עָלַי. אָסוּר. הֲרֵי עָלָיו אִסָּר. אָסוּר. שְׁבוּעָה הֲרֵי הוּא עָלַי. אָסוּר. הֲרֵי עָלָיו בִּשְׁבוּעָה. אָסוּר. אָמַר רִבִּי יוּדָן. בִּנְדָרִים אָסוּר וּבִשְׁבוּעוֹת מוּתָּר. אִסָּר הֲרֵי עָלַי. אָסוּר. הֲרֵי עָלָיו אִסָּר. אָסוּר. שְׁבוּעָה הֲרֵי עָלַי. אָסוּר. הֲרֵי שְׁבוּעָה עָלַי. מוּתָּר. R. Yossé interprète ainsi les mots bibliques d’interdire une défense (Nb 30 3): celui qui dit “qu’un tel objet me soit interdit”, ou “lui soit interdit” accomplit un vœu qui devient effectif; mais s’il dit “que cet interdit à moi, ou à lui, ait lieu en vertu du serment”, ce dernier n’a pas de prise sur le vœu et s’annule. Ainsi R. Judan dit: les vœux relatifs à l’accomplissement de pratiques religieuses restent des interdits; mais les serments relatifs à ces cas sont annulés par suite d’inapplication; donc, selon lui aussi, celui qui dit “qu’un tel objet me soit interdit”, ou “lui soit interdit” accomplit un vœu qui devient effectif; mais s’il dit “que cet interdit à moi, ou à lui, ait lieu en vertu du serment”, ce dernier n’a pas de prise sur le vœu et s’annule.
מוּדָּר אֲנִי מִמָּךְ. רִבִּי יוֹסֵי בֶן חֲנִינָה אָמַר. שְׁנֵיהֶן אֲסוּרִין זֶה בַזֶּה. כְּמָאן דְּאָמַר. וַאֲנָא מִינָּךְ. אָמַר. הַכִּכָּר הַזֶּה נָדוּר מִמֶּנִּי וַאֲנָא מִינָּהּ. הֲרֵינִי נָדוּר מִכִּכָּר זֶה וְהוּא מִמֶּנִּי. הִיא הִימָּךְ הִיא מִמָּךְ. אָמַר. הִיא הֲרֵי אֲנִי לָךְ הִיא הֲרֵי אֲנִי עָלַיִךְ. הִיא הֲרֵי אַתְּ לִי הִיא הֲרֵי אַתְּ עָלַי.
תַּנֵּי. כָּלוּי אֲנִי מִמָּךְ. פָּרוּשׁ אֲנִי מִמָּךְ. רִבִּי יִרְמְיָה בָּעֵי. וְלָמָּה לֹא תַנִּינָן נָטוּל. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי. וְתַנִּיתָהּ בְּסוֹפָהּ וּנְטוּלָה אֲנִי מִן הְיְּהוּדִים. Si quelqu’un avise son prochain avoir fait vœu de se tenir à distance de lui, etc.”, dit la Mishna. En un tel cas, dit R. Yossé b. Hanina, l’interdit entre eux est réciproque; car c’est comme s’il avait dit: “Et je te serai interdit” (tu seras aussi loin de moi). Ce procédé est semblable à celui qui a dit: “que ce pain me soit interdit”; il va sans dire alors qu’il devra s’en tenir éloigné et que l’interdit est, pour ainsi dire, réciproque, quels que soient, du reste, les termes employés pour exprimer l’interdit, “de moi”, ou “par moi”, ou “de toi”, ou “que je le sois à toi”, ou “envers toi”, ou “toi à moi”, ou “sur moi”. On a enseigné14V. ci-après, (11, 13) ( 42d).: les formules “je veux m’abstenir de toi”, ou “que je sois séparé de toi”, constituent des vœux. -Mais alors, demanda R. Jérémie, pourquoi ne pas enseigner aussi que l’expression “que j’en sois enlevé” équivaut à un vœu? -C’est inutile, dit R. Yossé, puisqu’il a été dit plus loin (11, 12): Celle qui déclare être retranchée15Comme enlevée. du milieu des Juifs a droit à la restitution du douaire lors du divorce.
שֶׁאֵינִי אוֹכֵל לָךְ שֶׁאֵינִי טוֹעֵם לָךְ. רִבִּי לָֽעְזָר בְּשֵׁם רִבִּי הוֹשַׁעְיָה. תּוֹפְשִׂין אוֹתוֹ מִשֵּׁם יַד לְקָרְבָּן. רִבִּי בּוּן בַּר חִייָה בָּעֵי. אִם אָמַר. לֹא אוֹכַל לָךְ. תּוֹפְשִׂין אוֹתוֹ מִשֵּׁם יַד לִשְׁבוּעָה. אָמַר רִבִּי יוֹסֵה. אוֹרְחֵיהּ דְּבַר נַשָּׁא מֵימַר. קָֽנְתָה דְכוּלְכָּה. דִּילְמָא כּוּלְכָּה דְּקָֽנְתָה. – “Si quelqu’un avise son prochain avoir fait vœu de ne rien manger à lui, ni rien goûter de chez lui, etc.”, est-il dit ensuite. - Même cette simple formule, dit R. Eléazar au nom de R. Oshia, est effective; parce qu’il y a prise pour l’obligation d’un sacrifice. R. Aboun b. Hiya demanda: celui qui dit simplement “je ne mangerai rien de toi” (sans jurer), est-il engagé par l’interdit, en raison de l’aptitude au serment? C’est l’habitude des hommes, répondit R. Yossé, de dire: le manche de la cognée, calco", mais il n’est pas d’usage de dire: la cognée du manche (de même, on n’admet pas l’expression renversée: “Je ne mangerai rien de toi, je le jure”, qui est nulle).
מְנוּדֶּה אֲנִי לָךְ. רִבִּי עֲקִיבָה הָיָה חוֹכֵךְ בָּזֶה לְהַחֲמִיר. לוֹסַר אֶת כָּל־נְכָסָיו. כְּמַה דְאַתֲּ מַר יָחֳרַם כָּל־רְכוּשׁוֹ וְהוּא יִבָּדֵל מִקְּהַל הַגּוֹלָה. מַה עָֽבְדִין לָהּ רַבָּנִן. חוֹמֶר הוּא בְנִידּוּי בֵית דִּין. — “Si quelqu’un annonce à son prochain vouloir lui être en horreur, il y a lieu en ce cas de pencher vers la sévérité”, dit la Mishna: c.-à-d. R. aqiba était disposé à lui interdire tous les biens, selon ces mots (Esd 10, 8): toute sa fortune sera anathématisée, et il sera séparé de l’assemblée de la captivité. -Est-ce que les autres sages (opposés à R. aqiba) ne tirent pas la même déduction de ce verset? -Selon eux, être repoussé par jugement du tribunal est une sévérité grave, dont on ne tire pas une déduction ultérieure.
כְּנִדְרֵי רְשָׁעִים נָדַר בְּנָזִיר וּבְקָרְבָּן וּבִשְׁבוּעָה. שְׁמוּאֵל אָמַר. לִצְדָדִין הִיא מַתְנִיתָא. אוֹ בְנָזִיר אוֹ בְקָרְבָּן אוֹ בִשְׁבוּעָה. רִבִּי זְעִירָה אָמַר. נָזִיר בִּשְׁלָשְׁתָּן. אָמַר רִבִּי אָבִין. מָאן דְּבָעֵי מִיפְתּוֹר הָדָא דְּרִבִּי זְעִירָא כֵינִי. הָיָה לְפָנָיו אֶשְׁכּוֹל אֶחָד וּבָא אַחֵר וְאָמַר. הֲרֵי עָלַי שְׁבוּעָה. הֲרֵי עָלָיו שְׁבוּעָה. וּבָא אַחֵר וְאָמַר. הֲרֵי עָלַי קָרְבָּן. הֲרֵי עָלָיו קָרְבָּן. וּבָא אַחֵר וְאָמַר. הֲרֵי עָלַי שְׁבוּעָה. הֲרֵי עָלָיו שְׁבוּעָה. וּבָא אַחֵר וְאָמַר. מַה שֶׁאָֽמְרוּ שְׁלָשְׁתָּן עָלַי. לֹא נִמְצָא זֶה נוֹדֵר וּבְקָרְבָּן וּבִשְׁבוּעָה. Celui qui s’est engagé dans un vœu, selon les impies, s’astreint par suite au Naziréat, avec obligation finale d’offrir un sacrifice et de subir les conséquences d’un serment inutile”. Par ces mots, dit Samuel, on entend qu’il peut survenir l’une de ces conséquences, ou le Naziréat, ou le sacrifice, ou la faute d’avoir juré en vain (non toutes). R. Zeira dit: le Naziréat entraîne les 3 conséquences. Sur quoi, R. Abin ajoute: si l’on veut justifier l’avis de R. Zeira (non opposé à Samuel), il faut l’expliquer par cette comparaison: Quelqu’un a devant soi une grappe de raisin, et si un homme survenant lui déclare vouloir s’abstenir de cette grappe, il sera Nazir; puis un autre vient déclarer qu’il assume la triple conséquence du vœu (à la manière des impies), de sorte qu’il subira les suites du Naziréat, avec l’obligation d’offrir le sacrifice et la conséquence d’un serment inutile.
תַּנֵּי. וּכְנִדְבוֹתָם. לֹא אָמַר כְּלוּם. הָדָא אָֽמְרָה שֶׁהָֽרְשָׁעִים מִתְנַדְּבִין. מִכֵּיוָן שֶׁהִתְנַדֵּב אֵין זֶה רָשָׁע. מַתְנִיתָא דְּרִבִּי יוּדָן. דְּתַנֵּי בְשֵׁם רִבִּי יוּדָן. טוֹב אֲשֶׁר לֹא תִדּוֹר מִשְׁתִּדּוֹר וְלֹא תְשַׁלֵּם. טוֹב מִזֶּה וּמִזֶּה שֶׁלֹּא תִדּוֹר. רִבִּי מֵאִיר אוֹמֵר. טוֹב אֲשֶׁר לֹא תִדּוֹר מִשְׁתִּדּוֹר וְלֹא תְשַׁלֵּם. טוֹב מִזֶּה וּמִזֶּה נוֹדֵר וּמְשַׁלֵּם. וְכֵן הוּא אוֹמֵר נִדְרוּ וְשַׁלְּמוּ לֵאלֹהֵיכֶם. כֵּיצַד הוּא עוֹשֶׂה עַל נְדָבָה. מֵבִיא כִשְׂבָּתוֹ לָעֲזָרָה וְאוֹמֵר. הֲרֵי זֶה עוֹלָה. רִבִּי אָבִין אָמַר. רִבִּי יְהוּדָה פָתַח. אִילּוּ הָיִיתָ יוֹדֵעַ שֶׁהַנּוֹדֵר נִקְרָא רָשָׁע נוֹדֵר הָיִיתָה. אָמַר רִבִּי יַנַּאי. מוֹקֵשׁ אָדָם יָלַע קוֹדֶשׁ וְאַחַר נְדָרִים לְבַקֵּר. הִתְחִיל לִנְדּוֹר פִּינַקְסָתוֹ נִפְתַּחַת. דָּבָר אַחֵר. מוֹקֵשׁ אָדָם יָלַע קוֹדֶשׁ וְאַחַר נְדָרִים לְבַקֵּר. אִיחוּר נְדָרִים. אִיחֵר אָדָם אֶת נִדְרוֹ פִּינַקְסוֹ נִפְתַּחַת. מִעֲשֶׂה בְאֶחָד שֶׁאָמַר. הֲרֵי עָלַי עוֹלָה. וְשָׁהָא לַהֲבִיאָהּ וְשָֽׁקְעָה סְפִינָתוֹ בַיָּם. On a enseigné: l’expression “selon leur offrande volontaire” est sans effet; ceci prouverait qu’il arrive aux impies de promettre des offrandes; pourtant, dès lors que cette promesse a été faite, ce n’est plus un impie. Aussi, notre Mishna (parlant de vœu des impies) exprime l’avis de R. Judan, qui dit16Cf. Rabba à Lv ch. 37.: du verset (Qo 5, 4) Mieux vaut pour toi ne pas faire de vœu que d’en faire un et ne pas l’accomplir, on conclut que le meilleur de tout est de ne pas faire de vœux; selon R. Meir, on déduit de ce verset que le meilleur procédé est d’énoncer un vœu, puis de l’accomplir. Ainsi, il est dit (Ps 76, 12): Faites des vœux et acquittez-vous en l’Eternel. Comment faire? (D’où vient que la crainte de négligence énoncée pour le vœu n’existe pas à l’égard d’une promesse de don)? Pour le don, à peine est-on assis au parvis du Temple, que l’on désigne p. ex. telle victime à servir d’holocauste (et il n’y a plus de retard à craindre). R. Abin dit au nom de R. Juda d’avoir recours à cette échappée (s’il s’agit de délier d’un vœu): Si tu avais su que l’énonciateur d’un vœu est appelé impie, l’aurais-tu exprimé? (Non. Donc, renonce et sois dégagé). R. Yanaï (en ce cas) invoquait ce verset (Pr 20, 25): C’est un danger pour l’homme de précipiter (proférer imprudemment) ce qui est sacré et d’examiner les vœux après; or, par ces derniers mots, on entend qu’à la suite des vœux on commence à examiner le registre, pinax, de l’individu (pour scruter ses œuvres), et mieux vaut y renoncer. Selon une autre explication de ce même verset, après le retard d’un vœu, le registre de l’homme sera scruté. Ainsi, il était arrivé à quelqu’un qui avait fait vœu d’offrir un holocauste de tarder à l’apporter; son navire dit naufrage en mer.
כְּנִדְרֵי כְשֵׁירִים לֹא אָמַר כְּלוּם. הָדָא אָֽמְרָה שֶׁהַכְּשֵׁירִים נוֹדְרִין. וּמִכֵּיוָן שֶׁנָּדַר אֵין זֶה כָשֵׁר. מַתְנִיתָא דְּרִבִּי יוּדָה. דְּתַנֵּי בְשֵׁם רִבִּי יוּדָה. חֲסִידִים הָרִאשׁוֹנִים מִתְאַוִּין לְהָבִיא קָרְבַּן חַטָּאת. לֹא הָיָה הַמָּקוֹם מַסְפִּיק בְּיָדָם חֵט וְהָיוּ נוֹדְרִים בְּנָזִיר בִּשְׁבִיל לְהָבִיא קָרְבַּן חַטָּאת. רִבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמֵר. חוֹטְאִים הָיוּ שֶׁהָיוּ נוֹדְרִים בְּנָזִיר. שֶׁנֶּאֱמַר וְכִפֵּר עָלָיו מֵאַשֶׁר חָטָא עַל הַנָּפֶשׁ. חָטָ זֶה עַל נַפְשׁוֹ שֶׁמָּנַע עַצְמוֹ מִן הַיַּיִן. וָאַתְיָיא דְשִׁמְעוֹן הַצַּדִּיק כְּרִבִּי שִׁמְעוֹן. דְּתַנֵּי. אָמַר שִׁמְעוֹן הַצַּדִיק. מִיָּמַיי לֹא אָכַלְתִּי אָשָׁם נָזִיר אֶלָּא אֶחָד. פַּעַם אָחַת עָלָה אֵלַי אָדָם אֶחָד מִדָּרוֹם. וּרְאִיתִיו אַדְמוֹנִי עִם יְפֵה עֵינַיִם וְטוֹב רוֹאִי וּקְווּצוֹתָיו מְסוּדָרוֹת תִּילִים תִּילִים. וְאָמַרְתִּי לוֹ. בְּנִי. מַה רָאִיתָה לְהַשְׁחִית אֶת הַשִּׂיעֵר הַנָּאֶה הַזֶּה. וְנָם לִי. רִבִּי. רוֹעֶה הָיִיתִי בְעִירִי וְהָלַכְתִּי לְמַלְאוֹת אֶת הַשָּׁאוּב מַיִם. וְרָאִיתִי אֶת הַבּוּבִּייָה שֶׁלִּי בְּתוֹךְ הַמַּיִם וּפָחַז יִצְרִי עָלַי וּבִיקֵּשׁ לְאַבְּדֵינִי מִן הָעוֹלָם. אָמַרְתִּי לוֹ. רָשָׁע. אַתָּה מְפָחֵז בַּדָּבָר שֶׁאֵינוֹ שֶׁלָּךְ. עָלַי לְהַקְדִּישָׁךְ לַשָּׁמַיִם. וְהִרְכַּנְתִּיו בְּרֹאשִי וְאָמַרְתִּי לוֹ. בְּנִי. כְּמוֹתָךְ יִרְבּוּ עוֹשֵׂי רְצוֹן הַמָּקוֹם בְּיִשְׂרָאֵל. עָלֶיךָ הַכָּתוּב אוֹמֵר אִישׁ אוֹ אִשָּׁה כִּי יַפְלִיא לִנְדּוֹר נֶדֶר נָזִיר לְהַזִּיר לַיי֨. רִבִּי מָנָא בָעֵי. לָמָּה לִי כְשִׁמְעוֹן הַצַּדִיק אֲפִילוּ כְרִבִּי שִׁמְעוֹן. לֹא אָכַל שִׁמְעוֹן הַצַּדִיק חַטָּאת חֵלֶב מִיָּמָיו. לֹא אָכַל שִׁמְעוֹן הַצַּדִיק חַטָּאת דָּם מִיָּמָיו. סָבַר שִׁמְעוֹן הַצַּדִיק. בְּנֵי אָדָם מִתּוֹךְ הַקְפָּדָה הֵם נוֹדְרִין. מִכֵּיוָן שֶׁנּוֹדְרִין מִתּוֹךְ הַקְפָּדָה סוֹפוֹ לִתְהוֹת. מִכֵּיוָן שֶׁהוּא תוֹהֵא נַעֲשׂוּ קָרְבְּנֹתָיו כְּשׁוֹחֵט חוּלִין בָּעֲזָרָה. וְזֶה מִתּוֹךְ יִישׁוּב נָדַר וּפִיו וְלִבּוֹ שָׁוִוין. Celui qui dit vouloir adopter le procédé des hommes sans reproche a énoncé une parole vaine”. Ceci prouverait que même les gens prudents émettent des vœux; pourtant, dès qu’un homme fait un vœu, il n’est plus sans reproche. Aussi, notre Mishna (parlant d’offrandes volontaires des gens prudents) émane de R. Juda, puisque l’on a enseigné en son nom: jadis, les gens pieux désiraient offrir le sacrifice de péché; mais comme la Providence ne leur donnait pas lieu de pécher, ils se vouaient à l’abstinence, pour avoir sujet d’offrir ce sacrifice. R. Simon dit: C’était un péché de leur part de faire ce vœu d‘abstinence, comme il est dit (Nb 6, 11): Il le fera absoudre du péché qu’il a commis envers son âme17Littéralement: par ce cadavre. Pour l'exégèse de ce verset, V. les notes à la traduction du Pentateuque par M. le gr. R. Wogue, t. 3, p. 83.; or, cet homme est coupable contre lui-même de s’être mortifié en se privant de vin. Cet avis de R. Simon est conforme à celui de Siméon le juste, dont on rapporte qu’il a dit18"V. (Nazir 1, 6); Rabba à Nb ch. 10; Cf. J. Derenbourg, Essai, etc., p. 52; H. Rodrigues, Midrashim, p. 85.": De ma vie je n’ai goûté au sacrifice de délit qu’immole le Naziréen, sauf une fois. Un jour, je reçus un homme du Midi (Nazir). Je le vis: il avait de beaux yeux, une mine agréable, et ses cheveux tombaient en riches boucles sur sa figure. Pourquoi, lui demandai-je, porter les ciseaux sur cette belle chevelure? – J’étais, répondit-il, le berger de mon père dans la ville que j’habitais. Un jour, en puisant de l’eau à la source, je regardai avec satisfaction mon image, pupa; un mauvais penchant allait s’emparer de moi et me perdre, lorsque je dis: Méchant, quoi! tu veux t’enorgueillir de ce qui ne t’appartient pas, et qui deviendra vermine et poussière! Par Dieu, je couperai ces cheveux en l’honneur du Ciel. – Aussitôt, continua Siméon, je l’embrassais sur la tête et lui dis: Puisse-t-il y avoir en Israël beaucoup de gens comme toi, accomplissant la volonté du Seigneur. De toi, le Pentateuque dit (ibid. 2): Si un homme ou une femme fait expressément vœu d’abstinence, de s’abstenir en l’honneur de l’Eternel. R. Mena demanda: à quoi bon constater l’analogie entre l’avis de R. Simon et celui de Siméon le juste (pontife), puisqu’en tous cas il a dû arriver à ce dernier de manger d’autres sacrifices de péchés, offerts par exemple pour consommation involontaire de graisse interdite, ou de sang? -C’est que, selon la pensée de Siméon le juste, bien des gens formulent des vœux par emportement; dès lors, un vœu ainsi formulé finira par être négligé, et, par suite, le sacrifice offert à ce propos équivaudra à l’égorgement d’animaux profanes au parvis; tandis que le vrai sage (prudent) énonce un vœu l’esprit calme, lorsque sa bouche et son cœur sont d’accord.